- aquilon
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• 1120; lat. aquilo, vent du nord, rapide comme l'aigle, aquila♦ Poét. Vent du nord, froid et violent. — Par ext. Vent violent. « Vaisseau favorisé par un grand aquilon » (Baudelaire).♢ Fig. et poét. Le nord. « Du Sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant » (Lamartine).aquilonn. m. Poét. Vent du nord, froid et violent.⇒AQUILON, subst. masc.A.— Littér. et poét.1. Vent du nord, et plus gén. tout vent violent, froid et orageux. La violence des aquilons, l'orageux aquilon :• 1. Ainsi, les oiseaux du nord sont la manne des aquilons, comme les rossignols sont les dons des zéphyrs : de quelque point de l'horizon que le vent souffle, il nous apporte un présent de la providence.CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 185.— Personnifié :• 2. L'Éther n'est pas toujours du Zéphyr rafraîchi,De violente ardeur l'Été le brûle aussi,L'hirondelle le quitte, et les plaintives grues,Compagnes du Notus, y ramènent les nues,Et l'Aquilon cruel y sème les frimas;Puis encor les Saisons reviennent sur leurs pas.MORÉAS, Sylves, À Ernest Raynaud, 1896, p. 227.— P. méton. Le nord :• 3. J'écoutai le Seigneur, j'obéis et je dis :Esprit, soufflez sur eux du couchant, de l'aurore;Soufflez de l'aquilon, soufflez! ...LAMARTINE, Méditations, La Poésie sacrée, 1820, p. 265.2. P. métaph. Circonstance ou manifestation violente et pénible :• 4. ... je me propose de faire pour elle un choix de lectures, d'occupations et de soigner de loin le moral; c'est une plante rare à cultiver, à développer, à préserver du souffle des aquilons.MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, p. 158.• 5. Il parlait, avec un redoublement d'âcreté, de l'Empire, de cette mystification insolente, et de l'immense ruine que la hauteur de l'échafaudage préparait. D'ordinaire, quand le marquis s'échappait de ce côté, je courbais la tête à son aquilon, et respectais, sans essayer de l'entamer, cette conviction orageuse où tournoyait une âme inexpugnable.SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 110.— [P. allus. au vers. de la fable de La Fontaine, Le chêne et le roseau :,,Tout vous est aquilon...``] :• 6. Je crois que le cœur ne vieillit pas; il y a même des gens chez qui il augmente avec l'âge. J'étais plus sec et plus âpre il y a vingt ans. Je me suis féminisé et attendri par l'usure, comme d'autres se racornissent, et cela m'indigne. Je sens que je deviens vache, il ne faut rien pour m'émouvoir; tout me trouble et m'agite, tout m'est aquilon comme un roseau.FLAUBERT, Correspondance, 1867, p. 271.Rem. On trouve chez Hugo la périphrase ,,oiseaux aquilons`` pour désigner les aigles :• 7. Autour de lui [Satan] planaient les oiseaux aquilons.HUGO, La Fin de Satan, Hors de la Terre, 1885, p. 771.B.— Emploi techn., HÉRALD. Figure héraldique représentant une tête d'enfant joufflu qui semble souffler avec violence. Les aquilons sont très-rares en armoiries (GRANDM. 1852).ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Début XIIe s. « vent du nord » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, 88, 12 ds T.-L. : aquilon e la mer tu crias [aquilonem et mare tu creasti]); 2. ca 1170 « le nord, point cardinal » (Rois, 399 ds GDF. Compl. : vers aquilun).Empr. au lat. aquilo, -onis, au sens 1 dep. ENNIUS, Ann., 489 ds TLL s.v., 376, 35; au sens 2 dep. VARRON, Rust., 1, 59, 1, ibid., 277, 19.STAT. — Fréq. abs. littér. :178.BBG. — Bible 1912. — CHASS. 1970. — DAINV. 1964. — GOUG. Mots t. 1 1962, pp. 49-50. — GRANDM. 1852. — JAL 1848. — MARCEL 1938.aquilon [akilɔ̃] n. m.ÉTYM. 1120; lat. aquilo « vent du nord », considéré par les Latins (Festus) comme venant de aquila (il est rapide comme l'aigle) — origine douteuse.❖♦ Littéraire.1 Vent du nord, froid et violent (parfois opposé à autan). || Borée était souvent confondu avec l'âpre Aquilon, rapide comme l'éclair (H. Aubert, Dict. de myth. class.). Par ext. Vent violent et froid.1 Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr.La Fontaine, Fables, I, 22.2 D'un souffle l'aquilon écarte les nuages,Et chasse au loin la foudre et les orages.Racine, Esther, III, 3.3 (L'inclémence) Des aquilons et des hivers (…)La Fontaine, Psyché, I.4 L'aquilon s'époumone, et l'autan se harasse.Hugo, la Légende des siècles, « Éviradnus ».5 Puis au fond de la nuit les aquilons coururentEt revinrent, poussant une nuée encor.Hugo, la Légende des siècles, LIV, « Vision ».6 Vaisseau favorisé par un grand aquilon.Baudelaire, les Fleurs du mal, XXXIX.7 Ils semblaient toujours (par le désordre de leur chevelure) exposés aux orages et battus de l'aquilon.France, le Petit Pierre, I.8 Il nous faudrait des paroles d'ouragan ou de tempête, des menaces comme en hurlent les aquilons, des indignations brûlantes comme la foudre.M. Barrès, la Colline inspirée, p. 157.REM. Un dér. aquilonaire est attesté (1546, Rabelais).9 De colline en colline en vain portant ma vue,Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant (…)Lamartine, l'Isolement.3 Blason. Tête d'enfant joufflue qui paraît souffler avec violence.➪ tableau Termes de blason.
Encyclopédie Universelle. 2012.